Déclaration de rentrée de la CGT Educ’action 95 : salaires, retraites, postes… la fin de quelle abondance ?

Une rentrée catastrophique dans l’éducation nationale

Au niveau national, sur la question des moyens en personnels, les signaux sont dans le rouge depuis des années, bien avant cette rentrée : pénurie d’enseignant·es, d’Aesh, d’administratif·ves, de médecins et d’infirmier·es scolaires

On passe désormais au cramoisi : plus de 4 000 postes enseignants non pourvus, sur des contingents déjà réduits à une peau de chagrin par le ministère. Pap N’Diaye a décidé de poursuivre l’oeuvre de Blanquer : recrutement massif de nouveaux contractuels, au lieu de titulariser ceux déjà en postes, sans réelle formation. Souffrance quasi assurée, pour ces jobdaté·es – on enregistre les premières démissions deux ou trois jours après la rentrée – pour les collectifs de travail, pour les élèves et leurs familles.

Sur la question des salaires, les masques sont tombés ! Pas question d’un premier étage d’augmentation de 10% pour tous, mais seulement pour les enseignants avec moins de 10 ans de carrière : Macron a donc menti tranquillement depuis des mois. Rien donc pour la grande majorité d’entre nous alors que l’inflation galope, à moins de « tâches supplémentaires ». C’est toutes les grilles de salaire qui s’écroulent et avec elles le Statut, quand l’ancienneté n’existe plus. C’est le cynisme des managers pour inciter au départ les fonctionnaires et transformer l’Education nationale en France Télécom. Quant au salaire socialisé, la guerre contre notre Retraite est à nouveau déclarée. Sur la question du sens de nos métiers, de celui de l’Education publique, Macron s’est imposé président-ministre le 25 août, dans son discours aux recteurs et dasens.

Signe évident que l’Education est en tête de gondole dans le grand dynamitage néolibéral : fin du statut, précarisation, salaires « au mérite » – c’est-à-dire à l’arbitraire de la hiérarchie dans une inflation de tâches -, casse des diplômes et des qualifications, etc.

Via la méthodologie de projets comme idéologie (500 millions d’euros budgétés), il veut imposer une contractualisation de chaque école, chaque établissement avec l’Etat. La mécanique est déjà bien huilée : imposition d’objectifs quantifiés (l’obsession capitaliste quand il s’agit de définir des marchés) totalement hors sol car issus des sempiternels dogmes de performance, compétitivité et concurrence.

Bienvenue à la dictature des indicateurs, de l’évaluationnite aigüe, et des résultats tronqués. Voilà que se généralise le grand cirque des évaluations d’école/d’établissement nouvelle version, des formations constellations et autres joyeusetés des sergents-managers.

La méthodologie de projets découle de « la gestion axée sur les résultats », qui elle-même découle de la « rationalisation des choix budgétaires », expression anodine pour décrire le projet fou et totalitaire de suppression de tout service public par privatisation et de transfert aux possédants. Le fondateur de cette démarche est états-uniens, Henry Gantt est un associé de Taylor.

En commençant par le lycée professionnel, que Macron livre directement au patronat, pour former des apprentis.

Aux antipodes donc d’une Ecole dans laquelle il ferait bon vivre, celle qui se donne l’Emancipation pour tâche essentielle. Heureusement, c’est nous qui travaillons, c’est donc à nous de décider si le meilleur macronien des mondes s’imposera…ou pas !

Une réaction qui ne se fait pas attendre…

Face à cette situation dramatique, des établissements ont d’ores et déjà pris le chemin de la contestation dans le 92, le 93, le 95 et surtout à Grenoble des enseignant·es se mettent en grève pour exiger des moyens supplémentaires, pour mieux organiser les emplois du temps, pour exiger l’arrivée de nouveaux collègue. Cette contestation est légitime et elle doit s’exprimer partout.

Nous sommes toutes et tous touchés par ce manque de moyens, classes surchargées, des manques de salles, des conditions d’enseignement dégradées et la redéfinition de nos missions. Les DSDEN et les rectorats ne comprennent qu’une chose : l’expression collective du mécontentement par l’arrêt du travail, donc la grève. Il est nécessaire de porter appui à celles et ceux qui se battent et pour cela, le meilleur moyen c’est de les rejoindre.

Répression et réforme

Dans ce contexte, l’institution n’oublie pas de s’en prendre à celles et ceux qui résistent. L’année dernière c’est deux équipes quasi entières de collègues syndiqué·es au Snuipp et à SUD qui étaient mutées de force dans le 93. Dans le 95 c’est une contractuelle, syndicaliste à la CGT, qui se voyait refuser son renouvellement pour des faits syndicaux ; aujourd’hui c’est un collègue prof de maths de Nanterre syndicaliste à SUD, Kai Terada, qui est mis à pied quatre mois sans motif sinon la conclusion hallucinante d’une évaluation d’établissement, sans que la direction de son propre établissement ne soit au courant.

Ne nous laissons pas isoler et intimider ! Nous ne sommes pas sans ressources, sans pouvoir ! Voilà pourquoi nous devons réaffirmer notre unité, notre collectif de travail, et notre soif de justice, en soutenant activement nos collègues, en commençant par exiger leur réintégration immédiate ! Faisons vivre ensemble une valeur de notre Ecole : une injustice faite à l’un·e est une injustice faite à tous !

Dans la voie pro ce qui est annoncé est simple : augmentation des temps de stages et donc une moins bonne formation pour les élèves, qui ont déjà subi une diminution de leurs cours d’ateliers et de matières générales. De l’autre côté ce sont des formations qui fermeront et des suppressions de postes par centaines.

Préparer la riposte :

Une date existe, le 29 septembre, journée de grève interprofessionnelle sur les salaires à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires.

Il faut s’en saisir, peu importe notre statut, notre établissement, notre métier…
L’inflation explose, nos dépenses aussi et nos salaires stagnent. Par contre notre pouvoir d’achat, lui, diminue drastiquement. Les augmentations des denrées alimentaires, du gaz, de l’électricité… creusent nos budgets, nos salaires ne suivent pas et ne pourront pas accuser le choc.

Il est temps d’exiger un rattrapage immédiat de 400 euros, des augmentations de salaires pour toutes et tous de 10%, le dégel du point d’indice, la revalorisation des grilles, et surtout leur indexation sur les prix.

Pour cela, il n’y a qu’une solution, se préparer à la grève, comme pendant les retraites en 2019/2020, un mouvement massif et interprofessionnel qui engage un bras de fer reconductible. Il a permis de faire plier le gouvernement sur la réforme des retraites. C’est ce que les travailleurs·ses du Royaume Uni ont d’ores et déjà compris. Prenons exemple là-dessus pour gagner, discutons largement des conditions toutes et tous ensemble.

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